Ces sportives qui ont osé parler de santé mentale

Le sport est régulièrement qualifié d'excellent anti-dépresseur. Mais dans le monde du haut niveau, certaines athlètes ont dû faire face à des problèmes de santé mentale. Un sujet encore tabou et dont elles ont osé s'emparer.

Ces sportives qui ont osé parler de santé mentale
© USA Today/SPUS/ABACA

Lorsqu'on évoque les noms de Simone Biles, Perrine Laffont, Naomi Osaka ou encore Ysaora Thybus, on pense aussitôt à leurs performances exceptionnelles et à leurs palmarès bien garnis. Ces quatre athlètes, venues d'horizons différents, ont un autre point commun : avoir évoqué publiquement leurs problèmes de santé mentale. Une problématique qui est, encore en 2024, mal prise en charge dans le sport de haut niveau. Pourtant, en avril dernier, en enquête menée par l'INSEP révélait que 15 % des sportifs avaient déjà montré des signes élevés d'anxiété ou de dépression au cours de leur carrière. En libérant la parole, ces pionnières espèrent faire bouger les lignes.

Perrine Laffont, championne olympique et après ?

Dans le film documentaire Strong diffusé sur Prime Video, Perrine Laffont a raconté sa difficile traversée du désert après les Jeux olympiques de 2018. Alors sacrée en ski de bosses, son rêve d'enfant, elle explique ne pas avoir été préparée à endosser ce costume. À l'époque, elle n'a que 19 ans et doit faire face à une immense pression médiatique de la part de ses sponsors et de son entourage… Ce qui était auparavant sa passion se transforme en souffrance. Après une période de dépression et de break où elle cherche à retrouver le plaisir, elle réalisera un doublé historique lors des championnats du monde 2023. Une renaissance.

Simone Biles, la parole d'une idole

Superstar de la gymnastique, Simone Biles décide de se retirer du concours général par équipes lors des Jeux olympiques de Tokyo en 2021. Stupeur. Si on parle dans un premier temps d'un problème médical, la gymnaste évoque finalement ce qui la traverse : "Dès que je monte sur le tapis, c'est juste moi et ma tête... traiter avec des démons dans ma tête (...) Je dois faire ce qui est bon pour moi et me concentrer sur ma santé mentale et ne pas compromettre ma santé et mon bien-être. En fin de compte, nous sommes aussi humains, nous devons protéger notre esprit et notre corps, plutôt que de faire ce que le monde attend de nous." Depuis les Jeux de Tokyo, l'athlète a raconté avoir changé son mode de fonctionnement : "Je fais plus d'efforts pour prendre soin de mon esprit et de mon corps, avec une thérapie une fois par semaine, généralement le jeudi qui est une sorte de journée thérapeutique, une journée que je réserve pour moi-même", a-t-elle expliqué à Olympics.com.

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Naomi Osaka en 2024 lors du tournoi de Roland-Garros. © Xinhua/ABACA

Naomi Osaka, seule contre le reste du monde

En juin 2021, la joueuse de tennis Naomi Osaka, alors numéro 2 mondiale, se présente au tournoi de Roland-Garros, mais annonce qu'elle ne participera pas à la conférence de presse après ses matchs. Sanctionnée d'une amende de 15 000 dollars, elle finit par se retirer du tournoi. Dans un communiqué, elle explique ne pas être à l'aise pour parler en public et ressentir d'immenses vagues d'anxiété lorsqu'elle doit s'adresser à la presse mondiale. Elle ajoute : "La vérité est que j'ai traversé de longues périodes de dépression depuis l'US Open 2018 et j'ai eu beaucoup de mal à m'en remettre." Une prise de parole qui sera beaucoup commentée. Accompagnée par un psychologue, Naomi Osaka a peu à peu repris le chemin des courts, même s'il a été interrompu par une pause de quinze mois pour donner naissance à une petite fille en 2023.

Ysaora Thibus, se découvrir dans la défaite

L'escrimeuse Ysaora Thibus a témoigné dans Strong de sa période de dépression survenue après les Jeux olympiques de Tokyo en 2021. Alors que l'athlète fait partie des prétendantes à la médaille, elle est finalement éliminée en seizième de finale. Son monde s'effondre alors. "Je me souviens être restée enfermée dans ma chambre au village olympique, ne pas dormir", explique-t-elle à la caméra. Si faire une pause, changer d'entraîneur et d'environnement lui a permis de retrouver le plaisir du combat, Ysaora Thibus a également apprécié parler de santé mentale. En 2022, elle est devenue championne du monde du fleuret au Caire.