"On m'a demandé si je faisais des coupes à la hache" : ces coiffeurs racontent les situations les plus improbables vécues au salon

Être coiffeur, ce n'est pas de tout repos. Ces pros nous racontent ce qu'ils ont vécu de plus fou au fil des années.

"On m'a demandé si je faisais des coupes à la hache" : ces coiffeurs racontent les situations les plus improbables vécues au salon
© DENYS KURBATOV

Lieu de transformation, mais aussi de libération de la parole, le salon de coiffure est l'un des derniers espaces non médicaux où l'on se confie sans rendez-vous. Dans une société où l'isolement progresse, surtout chez les femmes âgées, les coiffeurs deviennent des figures d'écoute, parfois malgré eux. Ainsi, les confidences se font au fil des coups de ciseaux.

À Bordeaux, Sullyvan, coiffeur depuis quinze ans, écoute autant qu'il coupe. "On pourrait écrire des livres avec tout ce qu'on entend", confie-t-il. Une fois face au miroir, les clients baissent la garde. "Les femmes les plus discrètes, les plus élégantes, sont souvent celles qui racontent les histoires les plus franches, toujours avec une certaine grâce", assure-t-il.

Certaines scènes renvoient à des pratiques d'un autre temps. "Une cliente âgée est allée se changer discrètement. Quand elle est revenue, elle portait seulement des dessous sous son peignoir." Devant l'air surpris de Sullyvan, elle lui explique que cela se faisait autrefois dans certains salons.

Parfois, le salon devient aussi le témoin d'événements inattendus. Un jour, trois clients réguliers arrivent en même temps : une femme, son mari, et sa maîtresse. Une erreur de rendez-vous qui se transforme en confrontation. "Les deux femmes se sont mises à se disputer. L'homme, lui, ne savait plus où se mettre. Mais notre rôle n'est pas d'intervenir dans leur vie privée", explique Sullyvan.

De son côté, Jordan, coiffeur depuis treize ans, a lui aussi été confronté à des situations imprévues. En Bretagne, une cliente lui demande une coupe inspirée d'une vidéo vue sur internet : elle souhaite qu'il utilise une hache. Il décline fermement la demande. Plus tard, à Paris, une femme arrive avec une requête confuse. Elle lui demande une coupe de cheveux incohérente : un carré, rasé sur les côtés avec une frange très très courte. "Elle avait commencé à se raser le crâne seule, de manière aléatoire", raconte le professionnel. Voyant qu'elle n'est pas dans son état normal, Jordan lui fait signer un document s'assurant de son accord. Le lendemain, elle revient au salon et exprime ses regrets.

 

Il arrive aussi que certaines rencontres, plus légères, laissent un souvenir durable. À 19 ans, alors qu'il débute à Londres, Jordan coiffe régulièrement une dame de 80 ans aux cheveux roses qu'il surnomme Madame Tagada. Le coiffeur lui confie sa difficulté à trouver des Fraises Tagada dans la capitale anglaise. Elle lui propose alors un défi : si elle en déniche avant lui, Jordan doit se teindre les cheveux en rose. "Elle est revenue quelques heures plus tard avec plusieurs sachets. J'ai tenu parole. Après ça, on nous appelait 'mamie et petit-fils Tagada'."